GINGER A. MARWEN

PHYSIQUE

Vous la voyez au détour d'un couloir, silhouette frêle, visage pâle. C'est Ginger, une tête blonde aux cheveux ébouriffés mais pourtant si structurés. Voyez, elle sourit, de toutes ses dents. Son sourire qui dit ce qu'elle ne dit plus. Ce sourire qu'elle ne perd plus. Ses grands yeux bleus vous regardent. De grandes billes bleues profondes, bleu mer. Vous ne voyez peut-être pas ses tâches de rousseurs sur ses joues dans ce couloir sous-éclairé. Ses fines lèvres sont étirées, comme pour vous saluer. C'est une jolie jeune femme, un peu maigre mais pas anorexique, non, pas à ce point. Sa sous-alimentation se voit maintenant. Elle ne pèse pas bien lourd, un poids plume comme on dit. Ginger est plutôt petite en fin de compte, son ombre était imposante mais ce n'était qu'un effet de lumière. Un petit mètre soixante, diriez-vous.

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Vous la détaillez maintenant, ce n'est pas le première fois que vous la voyez mais elle porte souvent les mêmes sortes de vêtements. Un chemisier blanc nacré, dont elle laisse deux petits boutons ouverts. Un jean noir, voyez vous ses cuisses fines et ses hanches marquées ? A ses pieds, toujours les mêmes bottines noires avec les mêmes lacets usés. Elle ne changera jamais, Ginger reste fidèle à elle même.

PSYCHOLOGIQUE

Ginger est un petit bout de femme effacé. Elle est muette à présent. Pourtant, elle est loin d'être méchante. C'est un petit coeur d'artichaut avec beaucoup d'amour à donner. Même si elle n'a plus les mots pour consoler, ses bras sont toujours ouverts. Aux premiers abords, elle est méfiante et dure avec les autres. Voir très exigeante. C'est une tête de mule, ça oui. Ginger est pourtant docile et obéissante. Un peu renfermée certes. Elle montre beaucoup ses sentiments, par des gestes, des dessins ou des actes. Elle aime se sentir aimer. D'un naturel très calme, très posé, elle n'est pas prise de tête. Elle est un peu buté et a beaucoup de principes un peu bêtes. Elle se fixe des limites parfois ridicules. Ginger s'enferme dans son monde et n'en sort que pour rencontrer les gens qu'elle choisit. Elle a peur, constamment peur de se faire rejeter. Peur de ne pas plaire. Son rêve est d'avoir des amis, des vrais.

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Rentrons dans le vif du sujet : le mutisme de la demoiselle. Elle s'exprime désormais en écrivant ce qu'elle veut dire sur un calepin si c'est trop compliqué à mimer. Elle a peur de sa propre voix. La plupart du temps elle montre par des gestes vagues, des mimes ou des dessins.

HISTOIRE

- Non ! Papa ! Arrête !

C'était la voix de la petite Ginger, ses derniers mots, elle était recroquevillée dans un coin, regardant son frère. Aleksei au sol, ne disait rien, ne criait pas, pleurait juste.

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Je suis née en Russie, à Odessa. J'ai vu le jour un 12 Décembre et ma mère disait que j'étais la plus belle chose qu'il lui soit arrivée. J'ai vécu pendant mon enfance comme une princesse. J'étais couverte d'amour et de cadeaux, surtout de la part de mon grand-frère, Aleksei. Mon entourage aimait la petite Ginger souriante et riante que j'étais. Une petite boule d'énergie. Je jouais comme une petite fille de 7 ans se doit de le faire.

C'est cette même année que tout à basculer. Maman est morte et on ne m'a rien expliqué. Ah, j'ai oublié de vous dire, mes parents sont divorcés de puis ma naissance. Alors je n'en ai jamais vraiment souffert. Pour en revenir au décès de ma mère on m'a dit : Maman est partie rejoindre les autres, là-haut dans le ciel. On ne pouvait pas dire la vérité à une gamine de 7 ans.

J'ai alors emménagé chez la chose qui me sert de père. Bogdan. C'était un alcoolique violent, mais tout le monde s'en foutait. On n'était que des gamins ravagés par la mort de leur mère. C'est là qu'à commencer notre descente aux enfers. Aleksei s'occupait de moi pendant que "papa" allait faire la tourner des bars. Il m'emmenait à l'école et me faisait à manger. Il n'avait alors que 10 ans. J'ai grandi dans une ambiance lourde, où Bogdan frappait quand il avait un coup dans le nez.

Plus tard, j'eu 14 ans. Alors j'ai appris pourquoi Maman était morte. Ma mère était une prostituée et est morte du sida. Génial, ma mère se faisait péter par tout les mecs du quartier. Je comprenais mieux les regards insistants des parents quand elle venait nous chercher à l'école. Les sifflements et les paroles que l'enfant que j'étais ne comprenait pas quand on passait dans la rue. A ce moment là, j'étais une petite fille sage alors je ne disais rien et je serrais très fort la main de maman la p*te d'Odessa. J'étais dégoûtée mais, elle me manquait.

Le quotidien avec Bogdan était devenu infernal. Mon frère était devenu un homme mais ça ne l'empêchait pas de le passer à tabac quand il revenait de sa petite balade quotidienne. J'étais devenue la bonne de service, je faisais à manger, je lavais et ramassait les bouteilles d'alcool vides. Bogdan ne s'arrêtait pas là non. J'étais devenue une esclave sexuelle. Quand ce qui me sert de poitrine à commencer à pousser, mon "père" m'a alors violé. Ce n'était pas la seule fois. Au début c'était quelques fois par mois, puis par semaines, à la fin c'était presque tout les jours. Je ne disais rien, même quand je me retrouvais couverte de bleus le lendemain. Ginger la docile.

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C'est le 15 Mai que tout à déraper. Bogdan est rentré, ivre mort comme d'habitude.

- Aleksei ! Pauvre m*erde  ! Viens là que je t'apprenne le sens de la vie !

- Bogdan, ta g*eule.

Dialogue banal mais Aleksei ne réagissait pas comme d'habitude. Il était moins calme, il n'aurait pas répondu d'habitude. Bogdan laissait couler. Il se tournait vers moi, avec ses yeux de fouine, ses yeux de voyeur.

- Ginger, mets-toi nue.

Ce n'était qu'une soirée de plus. Je n'avais pas envie de parler, pas envie de protester. Dans 1 heure tout ça serait finis jusqu'à demain. Ce n'était qu'un mauvais moment. Je m'exécutais quand retentis les pas d'Aleksei, des pas lourds. Je le vis alors entrer dans le salon, le visage déformé par la rage. Il me regardait, avant de foncer vers Bogdan et de lui emprisonner le cou dans l'étau de ses mains. Je voyais son esprit se fissurer . S'en était trop pour lui. Tout ses coups retenus et encaissés. Ses humiliations, ses paroles blessantes. Aleksei était à bout. Et moi je ne disais rien, comme d'habitude.

Bogdan le repoussa, violemment. Aleksei au sol ne bougeait plus. Les coups ont plus, encore et encore.

- Non ! Papa ! Arrête !

C'était une des seules fois où j'avais appelé cette ordure "papa". Je voulais juste qu'il s'arrête. Mon frère ne criait plus. Il pleurait. C'était la fin, il n'avait plus le coeur à se battre. Le regard tourné vers moi, le nez en sang et la joue violette, il m'a chuchoté un dernier : " Pardon Ginger ". Le poing de Bogdan s'abaissa une dernière fois et mon frère arrêta de bouger et de respirer. Bogdan avait tué mon frère.

Alors j'ai couru, nue dans la rue. J'ai trouvé de l'aide.

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J'ai vécu deux ans en foyer, sans dire un mot. Jamais. Le visage de mon frère me hantait et j'entendais sans cesse ses paroles. Les derniers mots que j'ai prononcé était pour mon père.

Le foyer était paniqué de mon état, je ne mangeais plus, je ne dormais plus. Alors j'ai décidé de partir. On m'avait parlé de ce centre en Amérique. Je voulais y aller. Demain, j'allais vers la guérison.

IN REAL LIFE